pirogue 6 m
Je réside au Gabon (Afrique Centrale) depuis 1983, je suis instituteur, passionné par le bois, la pêche en mer et je me suis installé un petit atelier de menuiserie assez bien équipé. L'idée de me construire un bateau en bois avec une technique à ma portée et un prix de revient le plus bas possible, me trottait dans la tête depuis longtemps. Et puis j'ai entendu parler de la technique du cousu-collé, j'ai fait des recherche sur internet qui m'ont menées sur le site d'Arwen marine (que je vous conseille fortement) et là tout a commencé. D'abord un plan (pas évident !), puis une maquette (photo ci-dessus) et après la grande aventure qui devrait se terminer courant juillet 2010. Puisse mon expérience créer des émules !
Après la découpe des membrures* et des bordés* en contreplaqué marine de 10 et 15 mm d’épaisseur, selon un plan tracé au préalable, il convient de fixer provisoirement tous ces éléments parfaitement alignés et d’une manière symétrique par rapport à l’axe longitudinal du bateau. Un établi a été fabriqué à cet effet. Des trous de 3 à 4 mm de diamètre sont percés tout le long des jointures bord à bord, de façon à les maintenir en contact à l’aide de ligatures en fil de cuivre.
*membrure : renfort transversal soutenant la coque d’un bateau.
*bordé : partie de la coque d’un bateau.
Une fois tous les bordés et toutes les membrures mis en place avec leurs ligatures solidement serrées tous les 20 cm environ, le bateau est prêt à être descendu de l’établi et mis sur cales pour la réalisation des joints congés* en pointillés à la résine époxy* chargée*.
*joint congé : bande épaisse servant à coller deux pièces mises bord à bord.
*résine époxy : colle à deux composants extrêmement résistante et étanche, ayant révolutionné la construction navale amateur.
*charge : ensemble d’éléments que l’on rajoute à la résine pour la rendre plus épaisse.
Tous les joints congés sont réalisés en pointillés pour ne pas noyer les ligatures dans la résine époxy chargée à la sciure très fine (ponçage) et aux microbilles de fibre de verre (Aérosil). Ces sutures seront ensuite enlevées et un deuxième passage sera effectué pour compléter les joints et boucher les trous.
Les joints congés sont terminés sur l’extérieur du bateau. Il va ensuite être retourné et le même travail sera effectué à l’intérieur aux angles de toutes les jointures.
Après quelques jours de séchage, la structure est déjà assez solide pour que l’on puisse le retourner et travailler à l’intérieur, à condition que le bateau soit bien calé pour ne pas rouler sur lui-même.
On peut voir le détail des sutures et du premier passage à la résine époxy chargée. Ces ligatures seront ensuite enlevées et un deuxième passage sera effectué pour terminer le joint et boucher les trous de passage des fils de cuivre.
L’embarcation est ensuite retournée afin d’étanchéifier et de renforcer la partie externe de la coque. Cette opération est réalisée avec des bandes de mat* et de rowing* collées à la résine époxy sur toutes les jointures des bouchains*. Les parties planes sont ensuite imprégnées avec de la résine non chargée et recouvertes avec des plaques de tissu de verre.
*mat : plaque de fibres de verre courtes assemblées dans tous les sens.
*rowing : plaque de fibres de verre longues tressées.
*bouchain : partie plane de la coque d’un bateau (bordé particulier).
Des listons* d’échouage en bois massif sont collés à la résine époxy sur le dessous de la coque à intervalles réguliers. Ils sont ensuite recouvert de tissu de verre et de résine polyester puis poncés. L’extérieur de la coque sera alors enduit de mastic polyester et poncé aux grains de plus en plus fin, de façon à obtenir une finition la plus lisse possible avant la mise en peinture.
*liston : pièce de protection empêchant l’usure de la coque d’un bateau.
On peut voir, sur cette photo, le détail de la pièce en bois massif (Moabi) qui vient renforcer la proue du bateau. Le bout dehors appelé « davier* » servira de support au guindeau* de l’ancre de mouillage. Cette pièce est collée à la résine époxy.
*davier : dispositif se trouvant à la proue d’un bateau et permettant de soutenir et ranger l’ancre de mouillage en navigation.
*guindeau : dispositif se combinant au davier et permettant de mouiller l’ancre et de la relever tout en la guidant.
La coque a été peinte avec une peinture marine spéciale « blanc brillant direct » passé en au moins deux couches au pistolet à air comprimé.
On peut apercevoir, sur la photo, la partie supérieure de la coque non peinte afin de permettre l’accroche à la résine époxy du futur liston de protection en bois massif. Le bateau peut à présent être retourné afin de travailler l’intérieur et réaliser les finitions.
*tableau arrière : membrure arrière d’un bateau servant à soutenir le moteur.
*renvoi d’eau : partie plane et inclinée devant le tableau arrière servant à éviter les entrées d’eau par l’arrière dans un bateau.
*gelcoat : matière épaisse à base de résine polyester servant à étanchéifier et rigidifier les parties exposées dans un bateau.
Le liston de protection supérieur est réalisé en Iroko* et le plat-bord* en CP 10 mm. Ils sont ensuite tous deux recouverts de lasure* teintée pour les protéger de l’eau et des U.V.. La rainure du liston de protection sera garnie d’une corde en polypropylène de 18 à 20 mm de diamètre. Elle servira d’amortisseur au cas où le bateau viendrait frotter contre un quai ou une autre embarcation lors des manœuvres d’accostage.
*Iroko : bois tropical résistant à l'eau (utilisé au temps de la marine à voile pour les pontages).
*plat bord : ceinture en bois horizontale sur la partie supérieure des bordés tout autour d’un bateau.
*lasure : produit liquide ou en gel, hydrofuge, fongicide et insecticide servant à protéger le bois.